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Neûrès cotes

Dans le dernier Nouvelles des Douze, vous trouverez un édito sur les Funérailles et la directive récente de l'évêché. Vous pouvez d'ailleurs la télécharger sur notre page "Vie chrétienne".

Comme annoncé dans ce n° 47, voici la traduction de la nouvelle en Wallon "Neûrès cotes".

 

Robes noires

 

soutanes.jpg         Don Camillo n'est pas mort! Je l'ai vu qui se promenait, le long des chemins d'un petit village, sur les hauteurs de Liège!… Une robe noire, comme autrefois… Un chapeau noir avec un "pompon", par dessus le marché… Des chaussures noires… Un curé comme on n'en voit plus, quoi!…

         Non, les amis, je n'ai pas rêvé! Celui que j'ai vu, ce n'est pas Don Camillo! Plus petit, plus malingre. Le monsieur qui m'a fait penser à Fernandel, c'est tout simplement un vieux curé. Comme je vous le dis. Un curé qui fait probablement la conversation avec le bon Dieu, mais qui n'a sans doute entendu aucune voix qui tombait du ciel. Qui n'a garde de se brouiller avec les communistes, du reste. Qui ne pourrait avoir des disputes avec qui que ce soit non plus. Trop gentil, ce curé-là. Trop bon, peut-être? Un curé de campagne comme on n'en fait plus. Comme au temps passé. Un curé de Cucugnan-sur-Liège. Pas un "nouveau Dutroux", sachez-le!

         Que voulez-vous? Le gentil curé ne s'est jamais converti à la nouvelle mode, en ce qui concerne les vêtements, voilà tout. Ce qui n'est pas un péché, quand même? Trop âgé pour changer ses habitudes et ses coutumes, alors que les jeunes ont "jeté la soutane aux orties"… Trop vieux jeu pour mettre des pantalons, peut-être? "C'est l'intérieur qui compte!" a laissé entendre notre vieux prêtre, pour faire savoir qu'il ne changerait pas un seul pli à l'ourlet de ses soutanes, lui! Curé, et fier de l'être! Tant pis pour les mauvaises langues, surtout si elles ne voyaient pas qu'il n'est pas un corbeau!…

         Tous les matins, sur le coup de huit heures et demie, la soutane arrive devant la porte de la chapelle. Comme tous les jours de la semaine, d'ailleurs. Maintenant qu'il fait plus froid, il a noué une écharpe noire autour de son cou. Il tire une clef de sa poche, une clef comme celle du paradis. Le temps de faire faire deux tours à la clef et les charnières gémissent comme un matou qui pleurniche. Notre vieux curé entre, alors, dans cette paix froide qui l'enveloppe. Froide paix qui lui réchauffe l'âme et le corps. Le temps de passer une chasuble sur les épaules et d'allumer deux cierges et le voilà prêt à dire la messe. Viendront-elles, aujourd'hui?Soutanec.jpg

         Quand le brave homme sort de la sacristie, il jette un coup d'œil sur les premières chaises. Oui, elles ont là, comme tous les jours de la semaine. Comme tous les jours depuis bientôt vingt ans! Toujours elles deux. Deux vieilles dames, aussi avancées en âge que notre curé… Deux robes noires, comme la sienne. Deux personnes qui tiennent parole, sans penser plus loin… Deux pour faire trois!…

 

Quand le bon vieux temps n'a rien de mauvais,

Pourquoi voudriez-vous tout jeter là?

C'est sûrement ce que le bon Dieu vous dira:

Un curé, ce n'est pas un épouvantail!

 

Paul-Henri Thomsin

traduit par Christian Salmon

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